Prélude à la 55eme fête d'indépendance du pays, le Chef de l'Etat congolais s'est prêté à un excercixe annuel devant les deux chambres réunies. Le président a présenté un bilan comparatif partant de ces dernières décennies jusqu'aux progrès économiques et sociopolitiques réalisés tout en réaffirmant un désir de paix, d'unité nationale et de démocratie. Considéré comme étant le le dernier état de la nation de son septennat, des questions restent en suspens dans un contexte politique très agité. L'actuel Chef va t-il vouloir briguer un autre mandat ou choisir un dauphin?
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Président du Congrès,
Monsieur le Président du Sénat,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mes Chers Compatriotes,
Suivant la constitution de notre République et conformément à l’usage que nous avons établi, ce message-ci est le dernier du septennat. L’année prochaine, à la même date ou presque, se tiendra ici, devant vous, le Président de la République sorti victorieux de l’élection présidentielle de juillet 2016. La priorité du président nouvellement élu sera certainement de préciser ses projets pour notre pays, de décrire plus en détail les modalités de leur mise en œuvre et d’inviter le peuple à s’engager, sous sa conduite, dans la construction d’un nouvel avenir national. Ainsi va la République en situation de fonctionnement démocratique. Puisque le présent message sur l’état de la nation est le dernier du septennat, j’ai résolu d’en faire un bilan large et global pour refixer la mémoire de chacun. M’inspirant ainsi de la sagesse de chez nous qui nous enseigne que la bonne connaissance et la bonne mesure du passé et du présent sont de puissants leviers d’une bonne préparation de l’avenir. Ce n’est que bon sens. Aussi, au crépuscule de ce septennat, j’ai pensé que le moment était venu, pour nous, peuple congolais, de nous interroger sur ce qu’ensemble nous avons fait, ces quinze dernières années.
Souvenons-nous avant tout de ce que nous avions à faire. En 2000, le Congo, notre pays, sortait d’une décennie calamiteuse sur tous les plans : guerres civiles à répétition, tissu économique et social en lambeaux, infrastructures détruites, unité nationale brisée, Force publique divisée, processus démocratique mis à mal, image du pays abîmée et tant d’autres repères collectifs désajustés. Régnait alors seule la désespérance. Nous avions donc à faire revenir la paix, à relancer l’économie, à reconstruire les infrastructures, à recoudre le tissu social, à refaire l’unité nationale, à remettre le processus démocratique sur les bons rails, à réunifier et réorganiser la Force publique, à rétablir l’image du pays dans le concert des nations et à faire renaître l’espoir avant d’envisager un avenir meilleur pour tous.
Qu’avons-nous pu faire ensemble ?
Pour ce qui est de la paix, de prime abord, nous nous sommes attelés, dans le cadre d’une large coalition nationale majoritaire, à la reconquérir. Une fois la paix revenue, dans les principales agglomérations, nous l’avons imposée à toutes les fractions, recluses dans quelques villages, qui s’y opposaient. Par le dialogue sans exclusive, nous avons fini par la faire régner sur l’ensemble du territoire. Depuis janvier 2000, le Congo vit en paix. Ses citoyens vivent dans la concorde. Ils forment à nouveau une réelle communauté nationale. Les Congolaises et les Congolais étudient, travaillent ou vaquent à diverses de leurs occupations dans la paix, dans la bonne entente et dans le respect mutuel. Ils vont et viennent du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest sans une quelconque entrave et sans la moindre crainte.
Aucun village, aucune ville et aucun quartier ne sont interdits à telle ou telle catégorie de Congolais. Le Congo, tout le Congo, appartient à tous les Congolais, sans distinction d’ethnie ou de croyance religieuse. Le Congo est un et indivis. Il n’y a de conflit ni entre les Congolais, ni entre les Etrangers et les Congolais, ni entre une autre nation et la nation congolaise. Nous n’insisterons jamais assez sur le règne de la paix. Parce que nous savons qu’il n’y a pas de libertés publiques et encore moins de libertés individuelles sans la paix. Il n’est point de démocratie qui aille en l’absence de paix. Aucune économie, aucune société en général ne peut prospérer de façon viable et durable dans un contexte d’affrontement ou de violence faite aux citoyens. La paix est le fondement de tout : de la liberté, de la démocratie, du vivre ensemble, du progrès économique et social. Voilà pourquoi nous avons fait de la paix notre crédo. Dans un contexte mondial aujourd’hui fait de guerres, d’attentats et de nombreuses atteintes aux libertés, on ne peut que se réjouir de la quiétude, de la sérénité, de la sécurité et donc de la paix qui caractérise notre pays.
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mes Chers Compatriotes,
Où en étions-nous, en matière économique, dans les années 1990 ?
Dans le domaine économique, les différents plans d’ajustement structurel mis en œuvre dans notre pays, à partir du milieu des années 1980, combinés aux guerres civiles ayant émaillé les années 1990, avaient plongé l’économie nationale dans la stagnation ou pire dans la récession. La décennie 1990-1999 a été dans l’ensemble perdue pour le pays. L’économie a été déstructurée, déconstruite et finalement paralysée. En se référant aux principales grandeurs macroéconomiques diffusées par les institutions économiques et financières internationales, on a pu noter que :
1°/ le produit intérieur brut, autrement dit la richesse nationale, oscillait entre un plancher de 800 milliards de francs CFA, touché en 1994, et un plafond d’un peu plus de 1.400 milliards de francs CFA réalisé en 1992 ; plafond qui ne sera à nouveau atteint, pendant toute la décennie, qu’en 1999.
2°/ le PIB par habitant et par année était en dessous de 1.000 dollars entre 1993 et 1999, alors qu’il était déjà supérieur à 1.000 dollars dès le début des années 1980.
3°/ le taux de croissance moyen de l’économie nationale entre 1990 et 1999 n’était que de 1%.
Dans ce contexte économique morose, les finances publiques ne se portaient guère mieux. Le déficit budgétaire, financé par l’endettement, a souvent été la règle. De la sorte, la dette publique extérieure de l’Etat était passée de 1.000 milliards de francs CFA en 1990 à plus de 2.500 milliards de francs CFA en 1994, soit plus de 300% de la richesse nationale. Avec un total des dépenses budgétaires annuelles en moyenne de 400 milliards de francs CFA entre 1990 et 1999, l’investissement public de chaque année n’avait jamais atteint les 100 milliards de francs CFA. Le montant le plus élevé affecté à l’investissement par l’Etat, dans la décennie 1990-1999, a été de 93 milliards de francs CFA, dépensé en 1997.
Dans la même décennie, les investissements privés s’étaient raréfiés en raison non seulement de la mauvaise situation économique mais aussi et surtout à cause du risque pays très élevé. S’en était suivi un chômage massif tant pour les jeunes que pour les personnes âgées actives. Nous l’avons déjà dit, la bonne économie, celle qui fait le bonheur des peuples, ne s’accommode pas aux guerres et à l’instabilité politique.
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, ainsi est tirée à grands traits la fresque économique dépeignant la décennie perdue.
Peuple Congolais, qu’avons-nous fait ensemble depuis ?
Nous nous sommes appuyés tour à tour sur le programme intérimaire post-conflit (2000-2002), sur la ʺNouvelle Espéranceʺ (2002-2009), sur le ʺChemin d’Avenirʺ (2009-2016) et sur le plan national du développement (2012-2016), en vue de relancer l’économie, la restructurer et la moderniser tout en l’orientant vers l’industrialisation. L’occurrence présente étant celle des résultats, en voici quelques-uns. En reprenant les mêmes indicateurs macroéconomiques, publiés régulièrement par les institutions économiques et financières internationales, les principaux résultats de notre action commune sont les suivants :
- premièrement, la richesse nationale a dépassé pour la première fois les 2.000 milliards de francs CFA en fin d’année 2000. Elle s’est située au-dessus de 3.000 milliards de francs CFA en 2005 et 4.000 milliards de francs CFA en 2006. En 2010, elle a franchi la barre de 6.000 milliards de francs CFA. Depuis 2011, elle s’est stabilisée autour de 7.000 milliards de francs CFA ;
- deuxièmement, le produit intérieur brut par habitant était repassé au-dessus des 1.000 dollars dès l’an 2000. Six ans après, il avait plus que doublé en dépassant les 2.000 dollars. En 2010 et 2011, il avoisinait les 4.000 dollars. Selon le PNUD, le revenu national par habitant au Congo s’était fixé à 4.900 dollars en 2013, soit une multiplication par plus de 4 en 13 ans ;
- troisièmement, enfin, le taux de croissance annuel moyen de l’économie nationale, entre 2000 et 2014 est ressorti à 5%. Durant toute cette période, il n’y a eu de taux négatif (-2,1%) qu’en 2007. Le taux de croissance a été supérieur à 5% en 2000, 2005, 2006, 2008, 2009, 2010 et 2014.
Cette assez bonne santé économique nationale s’est reflétée sur les finances publiques qui ont connu une évolution particulièrement favorable entre 2000 et 2014. Les recettes budgétaires, hors emprunts et dons, sont passées de 400 milliards de francs CFA en 1999 à presque 2.000 milliards de francs CFA en 2006 et à plus de 3.000 milliards de francs CFA en 2012, 2013 et 2014. L’exécution du budget de l’Etat a, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, permis de dégager un excédent en 2003. De cette date jusqu’à 2013, l’exécution du budget de l’Etat a donné lieu aux excédents plus ou moins importants selon l’année. Le plus faible étant celui de 2003 chiffré à 6 milliards de francs CFA et le plus important a été enregistré en 2011 pour un montant supérieur à 1.000 milliards de francs CFA. Dans le même temps, l’investissement brut national, la somme des investissements publics et privés, a progressé de façon notable. De 500 milliards de francs cfa en 2000, la formation brute de capital fixe national a dépassé les 2.000 milliards de francs CFA en 2011. Les deux années suivantes, 2012 et 2013, l’investissement national était supérieur à 3.000 milliards de francs CFA. En 2014, les premières estimations le mettent au-dessus de 5.500 milliards de francs CFA.
Depuis le début de l’année 2000, notre pays est incontestablement dans une bonne dynamique économique. L’enregistrement assuré par le Centre des Formalités des Entreprises, établit qu’il y a en moyenne 3.000 entreprises nouvelles créées chaque année. Entre janvier et juin 2015, par exemple, en dépit de la conjoncture assombrie par les mauvaises perspectives sur le marché pétrolier international, le Centre des Formalités des Entreprises a immatriculé 1.440 nouvelles entreprises. De fait, sans être éradiqué, le chômage tend à baisser plutôt qu’à augmenter. La dernière grande enquête nationale, dont les résultats ont été publiés en 2012, avait fait ressortir que le taux de chômage était passé de 19,4% de la population active en 2005 à 6,9% en 2011.
Au niveau international, ces bons résultats sont attestés par, entre autres, le classement du Congo dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, par la Banque Mondiale, à partir de 2006. Les principales agences internationales de notation souveraine ont, en 2013, non seulement constaté que le Congo pouvait être aisément noté, parce qu’ayant rendu disponibles et bien ordonnées toutes ses données macroéconomiques, mais aussi elles ont fait du Congo le quatrième pays exæquo le mieux noté d’Afrique, avec une perspective stable. Certains sont enclins à justifier tous ces bons résultats par la seule bonne tenue des cours du baril de pétrole brut. De toute évidence, c’est une vérité partielle. Toutes les institutions internationales partenaires au développement de notre pays s’accordent à souligner que les bonnes performances économiques du Congo sont le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs notamment : la stabilité politique, la mise en œuvre d’une série de réformes visant à améliorer à la fois l’environnement économique et la gestion des finances publiques, une meilleure gestion macroéconomique et une évolution favorable des cours du pétrole.
S’agissant du pétrole, il est clair que les investissements privés importants réalisés depuis 2000 ne l’ont été que parce que le pays est stable et s’est inscrit dans une bonne voie de développement. C’est bien grâce à tout cela que la production pétrolière nationale est passée de 56 millions de barils en 1990 à 96 millions de barils en 2000 et à 114 millions de barils en 2010. Les gros investissements en cours devraient la propulser à plus de 120 millions de barils dès 2017.
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
S’il y a encore quelques-uns de vos électeurs qui vous posent la question de savoir à quoi ont servi et servent les revenus relativement importants issus des activités pétrolières ? Répondez-leur, sans ambages, qu’ils ont servi et servent encore principalement à développer les infrastructures publiques et à améliorer les conditions de vie de tous les Congolais, des villes et des campagnes.
Mes Chers Compatriotes, qu’avons-nous fait pour remédier à la carence du pays en infrastructures ?
Fort des revenus pétroliers significatifs engrangés dans les premières années de la décennie passée, nous avons engagé, à compter de 2004, les programmes de grands travaux publics et de municipalisation accélérée, département par département, et année après année. Ainsi, l’investissement public annuel a bondi de 158 milliards de francs CFA en 2000 à 1.000 milliards de francs CFA en 2011 et à plus de 2.000 milliards de francs CFA en 2014. Ces sommes ont été investies pour l’essentiel dans des infrastructures de communication, des télécommunications, de production d’énergie et d’eau potable, de santé et de sport. Au début des années 2000, dans tous ces domaines et dans d’autres aussi, le déficit constaté était tel que le pays s’enfonçait davantage dans le sous-développement plutôt que d’être en voie de développement. A ne considérer que les voies de communication, notre pays, en 2000, était menacé à la fois d’éclatement en morceaux de territoires non joignables et d’une coupure du monde faute de routes, d’aéroports et de ports viables. Dans le domaine routier, notre ambition était donc et demeure de relier le pays en interne et aux pays voisins.
A ce jour, est en voie d’être achevée la dorsale Sud-Nord reliant Pointe-Noire à Ouesso, avec le bitumage des routes nationales numéros 1 et 2. Dans quelques mois, on partira de Ouesso à Pointe-Noire par route entièrement bitumée. A travers le pays, de nombreuses autres routes ont été entièrement bitumées ou réhabilitées et certaines autres sont en construction ou en cours de réhabilitation. Résultat : la longueur totale du réseau routier bitumé en 2015 est de plus de 3.000 kilomètres contre moins de 1.000 kilomètres au début de l’année 2000. Les routes d’intérêt départemental ou interdépartemental sont aujourd’hui aménagées sur plus de 9.000 kilomètres. Plus de 100 ouvrages de franchissement de type pont ont été construits. En dehors d’Impfondo, tous les chefs-lieux de département s’ouvriront, dans les prochains mois, à Brazzaville par route bitumée. A l’international, le Congo est dorénavant relié au Gabon, au Cameroun et à l’Angola (Cabinda) par des voies terrestres déjà bitumées ou en cours d’achèvement.
Concernant les aéroports, le Congo n’en disposait que de deux, dans un piteux état, au début des années 2000. A présent, il en compte dix (10) modernes dont quatre (4) de classe internationale : Maya-Maya à Brazzaville, Agostino-Neto à Pointe-Noire, Ollombo et Ouesso. Les aéroports secondaires étant ceux de Djambala, Dolisie, Ewo, Impfondo, Owando et Sibiti. L’aéroport international de Maya-Maya, le premier de notre pays, est désormais calibré pour accueillir les plus grands aéronefs du monde de type Airbus A 380. D’un trafic de moins de trois cent mille (300.000) passagers en l’an 2000, il traite à présent un million deux cent mille (1.200.000) passagers à l’année.
S’agissant des ports, autres moyens de communication à l’intérieur et avec l’extérieur du pays, il a été procédé au cours de ces quinze dernières années à l’aménagement ou au réaménagement des plates-formes portuaires de Brazzaville, Etoumbi, Lekety, Makoua, Ouesso et Oyo. Le port en eau profonde de Pointe-Noire, principale porte d’entrée des marchandises au Congo, a été réhabilité, modernisé et agrandi. Sa capacité a été multipliée par dix (10) en passant de 62.000 conteneurs par an en 2003, à un peu plus de 620.000 conteneurs et 8.594.000 tonnages de marchandises désormais.
Dans le domaine des télécommunications, le Congo s’est arrimé à la modernité et au monde en se connectant aux "autoroutes" internationales de l’information, en 2012, à la suite de la mise en place d’une station d’atterrage de fibre optique sous-marine à Matombi dans le département du Kouilou. Depuis, les travaux suivants ont été exécutés :
1°/ l’installation d’une dorsale à fibre optique de plus de 19.000 kilomètres, allant du sud au nord du pays, soit de Pointe-Noire à Ouesso, en passant par Brazzaville, Oyo et Owando.
2°/ le déploiement de 300 kilomètres de boucles métropolitaines à fibre optique dans les chefs-lieux de Département et les grandes villes, en vue d’offrir l’accès à l’internet très haut débit.
En matière d’infrastructures de production d’énergie électrique et d’eau potable, il a été construit, pour l’électricité, les centrales à gaz de la Côte Matève développant une puissance de 300 mégawatts, de Djeno d’une puissance de 50 mégawatts, les centrales thermiques de Brazzaville et des chefs-lieux de Département ainsi que la centrale hydroélectrique d’Imboulou avec une puissance de 120 mégawatts. La centrale hydroélectrique de Liouesso de 19 mégawatts est en construction. Celle de Moukoukoulou, 74 mégawatts, a été réhabilitée. Les études pour la construction du barrage de Sounda, pouvant générer 1000 mégawatts, sont lancées. En 2015, les lignes de transport d’électricité à travers notre pays s’étendent sur 1500 kilomètres. Elles n’étaient longues que de 700 kilomètres en 2002. Pour ce qui est de la production d’eau potable, outre plus de deux mille (2000) forages réalisés dans l’hinterland, il a été construit une nouvelle usine d’eau à Djiri à Brazzaville. La première a été entièrement réhabilitée. De cette façon, à Brazzaville, des quartiers et arrondissements tels que Plateaux des 15 ans, Moukondo, Ouenzé, Moungali qui manquaient de l’eau potable au robinet depuis plus de vingt ans ont maintenant de l’eau, parce que la production dans la ville capitale est actuellement de 11.400 mètres cubes par heure pour des besoins estimés au maximum à 11.300 mètres cubes par heure. Avec une population qui augmente chaque année au rythme de plus de 2%, les infrastructures sanitaires nationales, en 2000, ne répondaient pas à la demande massive des Congolais. Bien avant l’an 2000, elles n’étaient déjà plus en capacité de satisfaire, ni en quantité ni en qualité, les besoins en soins de santé des populations. De 2000 jusqu’à présent, l’Etat a construit de nouveaux hôpitaux et a réhabilité quelques autres. Nous y reviendrons lorsque nous parlerons des conditions sociales.
Les investissements publics pour des infrastructures sportives, pendant les dix dernières années, années de la municipalisation accélérée, ont consisté principalement en la construction des complexes sportifs tels les complexes omnisports de Dolisie, de Djambala, d’Ewo, de Kinkala, d’Owando et de Sibiti, ainsi que le gymnase d’Oyo. Le plus important complexe sportif jamais construit au Congo est celui de Kintélé qui accueillera les 11èmes Jeux Africains, les jeux du cinquantenaire. Il comprend :
- un stade olympique de plus de soixante mille (60.000) places assises ;
- un palais des sports d’une capacité de dix mille (10.000) places ;
- un complexe nautique de deux mille (2.000) places ;
- une cité olympique de huit mille (8.000) lits.
Dans le cadre de ces mêmes Jeux Africains, quatre gymnases sont en cours d’achèvement dans différents quartiers de Brazzaville. Nous voulons ici exprimer, à l’endroit de l’Union Africaine, notre grande reconnaissance pour l’honneur qu’elle a fait à notre pays en décidant qu’à l’occasion de leur cinquantenaire, les Jeux Africains, reviennent à Brazzaville, leur berceau. Cela est pour notre peuple un véritable motif de fierté. C’est aussi un fabuleux défi qui appelle la mobilisation de tous. Je lance un vibrant appel pour qu’un accueil des plus chaleureux soit réservé à la jeunesse sportive africaine, et pour qu’aucune discipline ne se déroule dans un stade ou un gymnase désert. Nos hôtes doivent repartir dans leurs pays respectifs avec le meilleur souvenir possible du Congo.
Mes Chers Compatriotes, quelle était notre condition d’existence dans les années 1990 ?
Elle était précaire. C’est le moins que l’on puisse en dire. En ville comme en campagne, dans la rue ou au domicile, à l’école, au lieu de travail, du culte ou dans un lieu de distraction, la mort n’était jamais loin de nous. Elle pouvait arriver, à n’importe quel moment, par tir d’arme légère ou lourde, ciblé ou tout simplement accidentel. La création des milices, la circulation incontrôlée des armes de guerre et l’affaiblissement de la Force publique y avaient grandement contribué. A ce chaos ambiant se conjuguaient des difficultés économiques et financières qui fragilisaient davantage la condition d’existence de la grande majorité des citoyens Congolais. Les agents de l’Etat et les salariés admis à la retraite accumulaient des impayés de salaire et de pension de retraite. Comme si tout cela n’était pas assez dramatique, l’école, lieu par excellence de préparation de l’avenir du pays, était elle aussi fortement perturbée. A l’école primaire, au collège, au lycée et à l’université lorsque l’on ne connaissait pas une année blanche, on était dans une année scolaire ou académique à rallonge à n’en point finir. Outre les milliers de morts des guerres civiles, on a retenu, en général, de ces années douloureuses que les indicateurs sociaux du développement étaient tous dégradés. En particulier, on n’a pas oublié que le salaire indiciaire de base des agents de l’Etat était réduit de 27,5%, leurs indemnités et primes l’étaient de 30% et les effets financiers de toute promotion les concernant étaient suspendus. De 1992 à 1999, les mêmes agents de l’Etat ont enregistré 22 mois d’arriérés de salaires.
Peuple Congolais, qu’avons-nous fait pour améliorer les conditions sociales dans notre pays ?
Rétablir la paix et la sécurité, pour tous, était primordial. Cela a été fait au commencement de l’année 2000. Reconstruire l’économie nationale, la densifier, la rendre attractive et résiliente, afin qu’elle serve de socle solide aux avancées sociales, c’est ce que nous avons fait ces quinze dernières années. Les premiers résultats, certainement encore insuffisants, sont là.
1°/ Selon les statistiques internationales, l’espérance de vie des Congolais est passée de 52 ans en l’an 2000 à 59 ans en 2013. Elle est précisément de 60 ans pour les femmes et de 57 ans pour les hommes.
2°/ Le taux de mortalité maternelle a baissé de 781 à 426 pour cent mille (100.000) naissances vivantes.
3°/ Le taux de mortalité infantile, la probabilité qu’un enfant meurt avant d’atteindre l’âge de cinq ans, est tombé de 121 pour 1.000 en l’an 2000 à 49 pour 1.000 en 2013, soit une diminution de plus de la moitié.
4°/ Suivant l’indice du développement, calculé par le PNUD, le Congo en 2013 était classé parmi les douze pays d’Afrique ayant un indice moyen de développement humain. Une quarantaine d’autres pays d’Afrique sont classés dans la catégorie de faible indice de développement humain.
Au-delà de ces statistiques internationales, il y a des actes posés par l’Etat qui concourent à l’amélioration de la donne sociale des Congolais. Sans être exhaustif, on peut noter qu’il a largement accru ses capacités de fourniture d’eau potable et d’électricité dans les villes et dans les villages. Pour les villes, la capacité de production d’eau potable a été augmentée de 139% entre 2000 et 2014 en passant de sept mille (7.000) mètres cubes par heure à seize mille (16.800) mètres cubes par heure ; celle de l’électricité a été multipliée par plus de 6, avec une puissance installée aujourd’hui de 600 mégawatts. Il reste la question de la distribution de ces biens. Elle est progressivement en voie de résolution. Dans nos villages, grâce aux différents programmes et projets spéciaux, tels le ʺProjet d’Urgence de Relance et d’Appui aux Communautés du Congoʺ, ʺEau Pour Tousʺ, et ʺProjet d’Electrification en Milieu Rural au Congoʺ, des dizaines de systèmes d’adduction d’eau potable et de milliers de forages pour eau potable ont été réalisés comme l’ont été des kilomètres de réseaux de distribution de moyenne et basse tension, de centaines de postes de distribution d’électricité et de branchements électriques de foyers ruraux. Tous ces programmes et projets se poursuivent en visant à bénéficier à l’ensemble de nos concitoyens vivant dans les campagnes.
Au plan sanitaire, l’Etat construit depuis 2000 des centaines de centres de santé intégrés sur l’ensemble du territoire national. Ce, en vue de rapprocher la prévention et les soins médicaux des populations des quartiers et des villages. C’est dans ce même dessein qu’ont été construits, grâce à la coopération avec la République Populaire de Chine, les hôpitaux de Loandjili et de M’filou. Pour une meilleure prise en charge des malades, l’Etat a démarré, l’année dernière, la construction de douze hôpitaux généraux dans les douze départements du pays et d’un grand hôpital militaire à Brazzaville. Il construit également deux centres de dyalise et de traitement de l’insuffisance rénale à Brazzaville et à Pointe-Noire. Auparavant, il a achevé la construction du Centre national de référence de la drépanocytose à Brazzaville, reconstruit l’hôpital de Talangaï, réhabilité le Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville, l’hôpital mère et enfant Blanche GOMES de Brazzaville, l’hôpital Adolphe CISSE de Pointe-Noire, l’hôpital général de Dolisie et l’hôpital général d’Owando. En 2002, au regard du nombre important de décès et des problèmes de santé occasionnés par le VIH/SIDA, l’Etat a décidé de rendre gratuit le traitement anti rétroviral. Deux ans après, ce sont tous les examens liés au VIH/SIDA qui ont été rendus gratuits. Le paludisme s’étant imposé comme la première cause des décès infantiles, la gratuité de son traitement a été décidée en 2007. Celle de la césarienne l’a été en 2010.
En matière de logement des Congolais, l’Etat a mis en place depuis 2002 un ambitieux programme de construction de logements sociaux. A ce jour, plus de 3.000 logements sociaux ont été construits à travers le pays. Plus de 3.000 autres sont en construction. A défaut de satisfaire toute la demande nationale, à court ou à moyen terme, l’Etat a créé, en 2005, la Banque congolaise de l’habitat et en 2008, le Fonds national de l’habitat. Tous deux ont pour but principal de faciliter l’accès des Congolais à la propriété immobilière privée.
Dans le domaine des transports en commun des personnes, l’Etat est aujourd’hui présent dans tous les segments. Grâce à ses sociétés, il contribue à faciliter le déplacement des Congolais à l’intérieur des villes, d’une ville à une autre ou encore d’un pays à un autre. L’acquisition, à partir de 2012, des trains voyageurs par la compagnie nationale du chemin de fer Congo-océan, a permis de rétablir le transport des personnes entre Brazzaville et Pointe-Noire par le train. De même que la création de deux sociétés nationales de transport aérien, ECAIR et AIR CONGO, a augmenté l’offre nationale de voyage par avion. La société nationale de transport fluvial, déjà créée et en cours de structuration, fera de même dans le segment du transport des personnes par la voie des eaux.