KK :  Marien Fauney Ngombé, vous êtes président du think tank congolais ACC, que pourriez nous dire de cette structure et de sa vision  ?

MFN : Bonjour merci de nous accorder cet entretien. Nous sommes un groupe de réflexion qui organise des conférences et produit des tribunes et articles sur des sujets de société pour susciter le débat dans la société civile congolaise,  et aussi être une force de proposition auprès de nos décideurs.

Nous avons produit des tribunes sur de nombreux sujets comme l’Education, l’Entrepreneuriat ou encore la décentralisation et l’autonomisation des communes pour ne citer que ces sujets. Nous sommes 30 sur trois continents et nos échanges se nourrissent des domaines d’expertise de chacun. Nous avons pris le partie cette année de travailler particulièrement sur le Soft Power congolais et célébrer le génie congolais.
KK : Parlant effectivement de ce grand événement dénommée Soft Power Days que vous préparez. Comment pourriez-vous expliquer ce concept au citoyen congolais lambda  ?

MFN : Le Soft Power peut être défini comme la capacité d’influence et d’attraction d’un pays. Il s’agit d’une part  de parler de l’attractivité culturelle mais aussi sur du rayonnement de la diplomatie congolaise.

Le Congo c’est le bassin du Congo, c’est le majestueux fleuve Congo, c’est son histoire mémorielle avec la porte de Loango, c’est la rumba congolaise qui sera bientôt inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco, c’est l’une des plus importantes réserves de Gorilles de la sous-région. Les atouts sont nombreux. Sur l’autre volet les différents festivals et les symposiums organisés par le Congo sont des atouts diplomatiques qui participent à mettre en lumière notre pays. Cette conférence abordera tous ces atouts pour enfin répondre à la question de savoir s’il est possible de créer de la richesse, de l’emploi en résumé de participer au développement avec cet arsenal d’atouts.

KK : Serait-ce une coïncidence ou tout simplement un autre vision que les ACC apportent quand on sait que les think tanks sont des instruments de Soft Power à l’échelle mondiale pour le continent africain  ?

MFN : Cette question est pertinente. Notre ambition est d’être un atout pour notre pays. Le souhait est que les ACC soient un réservoir d’idées novatrices pour nos décideurs. L’essence première d’un Think Tank est en effet de servir aux décideurs.

La petite particularité des ACC est de vouloir d’abord créer le débat dans la société civile et faire des émules pour avoir encore plus d’écho auprès des décideurs. Nous voulons inviter le plus grand nombre dans le débat d’idées.
Pour répondre plus précisément la vivacité de la société civile participe à l’image d’un pays, à la marque-pays (Nation Branding) qui donc par effet induit est une arme du soft power
KK : Quelle appréciation avancez-vous quant à la manière dont les différents acteurs (politiques, religieux, société civile) devront contribuer à la construction du Soft Power congolais au delà des frontières ?
MFN : La question qui porte d’abord sur les OSC (organisations de la societé civile) est plus que jamais d’actualité. Les ACC ne vont rien révolutionner il faut se le dire. Mais nous pouvons peut être insuffler une manière novatrice de faire les choses. Pour que le Congo soit gagnant il faut que des voies dissonantes s’expriment. Mais le tout dans le but de faire avancer les choses et de proposer. La tâche moins évidente est de structurer et travailler à proposer des pistes de réflexions en adéquation avec nos réalités. Ensuite, la responsabilité des hommes politiques qui nous dirigent est primordiale. Les OSC sont comme une boite à idées dans laquelle les décideurs devraient piocher et au besoin améliorer pour concourir aux attentes de tous. On parle de “manière douce” pour évoquer le soft power mais ils font être volontaire et avoir une stratégie pour sa mise en place. Il faudra en urgence réfléchir sur les filières de l’industrie culturelle et créative. Il faudra dans un premier temps aller chercher des fonds aux prêts de programmes diriger vers le continent pour soutenir notre industrie culturelle et créative. Il y a des ministères clé de voûte pour faire éclore notre Soft Power, celui de la coopération internationale, du Tourisme, de la Culture ou encore du développement durable. Il faudra soumettre les idées aux personnes en charge de ces portefeuilles.

KK : Quelle peuvent être les chances de réussite d’un tel projet lorsqu’on sait que l’implication des politiques peinent souvent à contribuer à l’essor des grands événements ?
MFN : Nous avions conscience de la difficulté à avoir l’adhésion de nos décideurs. A leur décharge ils veulent s’assurer du sérieux de l’engagement et de la démarche. Nous souhaitons que ces journées soient un rendez-vous bisannuel par exemple. Ce premier rendez-vous nous espérons pourra prouver le sérieux de notre démarche. Pour être transparent, nous allons malgré tout essayer de contacter les ministères cités plus haut pour nous présenter.
KK : Quelles sont les implications institutionnelles et de gouvernance qui vous paraissent plus urgentes pour Congo actuellement ?
MFN : Je pense qu’il faut être en ordre de bataille parce que les urgences sont nombreuses. Ce dont nous avons besoin c’est d’une réelle implication quelque soit le ministère qui veut bien prendre ce sujet au sérieux. Il faut faire un état des lieux de notre industrie culturelle et créative. L’une des urgences reste le tourisme mémorielle du fait qu’il demande peut d’investissement avec potentiellement un afflux de devises importants pour l’économie congolaise. Il faudra ensuite avoir une approche transversale en créons des clusters de PME et en ayant à l’esprit la conquête de marchés régionaux.
KK : Quels sont les intervenants attendus à cet événement ?
MFN : Parmi les intervenants il y aura des congolais qui se sont distingués dans leur domaine respectif, le célèbre photographe Baudoin Mouanda,  Christian Mpéa de Kiki Lawanda, Vanessa Métou, Jocelyn Armel Le Bachelor, Roga-Roga, Liesbeth Mabiala et autres personnalités qui viendront échanger sur notre soft power à savoir le ministre Alain Akouala et l’ambassadeur Henri Ossebi.
KK : Un dernier mot pour la fin ?
MFN :  Pour le dernier mot je vous dis merci. Et j’invite les lecteurs à lire notre manifeste sur le soft power pour se faire une idée sur notre approche.

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