Le monde change, et une grande partie de la classe politique congolaise peine à lire les signes de ce changement. Le crime que l’élite d’une nation puisse commettre à l’égard de son peuple, c’est de l’engourdir dans l’oubli et l’ignorance de son histoire et, L’histoire, c’est ce qui se vit actuellement au Congo Brazzaville.

Entre crispations et refus de participer à une forfaiture d’une part, et passage en force d’un système qui ne jure que pour le changement de la Constitution d’autre part, les congolais assistent  à uen véritable immaculation de leur loi suprême. Alors que la majorité présidentielle se flatte plus de mobiliser une cohorte de dynamiques et mouvements satellites sur des propagandes que sur le programme de société de l’actuel chef d’Etat dont le bilan est tant attendu, on assiste à une tendance à l’amnésie populaire concourant à légitimer l’intention du Chef de l’Etat congolais insiste sur l’organisation d’un référendum, combien même les conditions de cette organisation semblent caduques au regard des dispositions constitutionnelles.

Outre la Conférence nationale souveraine tenue en 1991, le Congo n’a plus jamais connu un dialogue franc et sincère regroupant l’ensemble de la classe politique. Sur fond de tensions, mépris et déclins, les dialogues qui ont précédé auguraient un autisme, soit en excluant les ténors de la vie politique congolaise, soit en favorisant un forcing dont l’objet n’est tout autre que le maintien d’un système qui veut encore perdurer.

L’histoire retiendra qu’en mars 2001, un dialogue dit “sans exclusive” organisé par le pouvoir actuel excluait l’ancien président Pascal Lissouba, l’ancien Premier ministre Bernard Kolelas et bien d’autres acteurs de la vie politique en exil, puis aboutissait à un accord sur un projet de constitution devant ouvrir la voie à des élections présidentielles et législatives. La raison de ce dialogue, d’après le gouvernement, étaient de rechercher le « consensus national sur des valeurs politico-institutionnelles de rang constitutionnelles et sur des valeurs de paix et de reconstruction ».

Entre 2011 et 2013, des concertations sont organisées à Ewo et Dolisie dans le but de reconfigurer les circonscriptions électorales, d’élaborer le principe d’une organisation consensuelle du prochain scrutin et, prendre en compte les résolutions des discussions entreprises entre les partis de la majorité et de ceux qui représentaient l’opposition autour de l’organisation des élections.

Aujourd’hui, bis repetita placent, à un an environ de la prochaine présidentielle, le pouvoir organise un énième dialogue à Sibiti en prétendant trouver un consensus autour de deux thématiques : « Comment organiser au mieux les scrutins à venir dans notre pays ? »; faut-il faire évoluer les institutions de la République ? ». Tout ceci, sans la participation d’une grande partie de l’opposition regroupée au sein du Frocad (Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique) et des frondeurs de la majorité présidentielle qui exigent de Denis Sassou Nguesso le respect de la constitution et l’organisation des élections libres et transparentes.

L’ambiguïté manifeste de la démarche utilisée par la mouvance présidentielle laisse présager un passage en force afin d’organiser un référendum, ou plutôt de changer la constitution. Ceci dit, sous la bénédiction des intellectuels de la république dont la conscience pèsera sur cet abime orchestré dans les coulisses du pouvoir.

Le refus de bien vouloir respecter nos propres lois et à ne pas offrir les conditions d’une bonne gouvernance électorale plombe le Congo dans une spirale inquiétante. Là où les élites sont censées construire, assurer l’alternance et passer le témoin aux générations futures, les politiques congolais d’hier ont choisis de faire du surplace et formater la jeunesse aux goûts démesurés de corruption, achat de conscience, fanatisme aveuglé, gestion clanique et tribale. Sibiti va-t-elle accoucher d’un mémo crédible quant à la question de transparence politique et démocratique ? Les observateurs de la vie politique congolaise et les citoyens qui connaissent dorénavant ces manigances, depuis 32 ans maintenant, savent à quoi s’attendre combien même, le pouvoir se servirait de la présence des exclus de l’opposition non participante à ce dialogue pour soulever son côté unitaire. Au final, cette concertation risque de renforcer la thèse des plus sceptiques qui affirment que ce ne serait qu’une simple formalité d’un script déjà écrit.

Après le communiqué aux allures conciliantes de l’Elysée lors du dernier voyage du chef de l’Etat congolais, tout laisse à croire que la voie vers le maintien de Sassou Nguesso est assurée, mais là encore, l’opposition et le peuple restent encore sans parole… Déni ou scepticisme? L’Histoire nous le dira.

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