Akon Lighting Africa…ces dignes fils qui éclairent l’Afrique

Où est donc passée la solidarité Africaine, celle qui est censée se mobiliser afin de promouvoir les œuvres et les initiatives de tout un continent ?Notre silence, celui de la solidarité médiatique face aux grands enjeux économiques et sociopolitiques nous rend coupables de cette indifférence. Nous n’avons pas cessé de briller de notre absence face à cette solidarité, dont le panafricanisme demeure l’idéologie incarnée jusque-là.
Trois fils du Continent, avec des parcours dignes de succès story et des expériences remarquables, ont décidé de rendre à cette Afrique l’hommage mérité : celui de l’éclairer. Dans un continent où 600 millions d’habitants peinent à avoir accès à l’électricité, l’énergie électrique est et demeure un véritable enjeu de développement et de politique sanitaire, notamment pour des hommes et des femmes des zones rurales. Voila le Projet Akon lighting Africa tombe au moment idéal, celui auquel aspire le géant continent: l’émergence.
Lancé en février 2014, “Akon Lighting Africa” est un projet initié par Akon, le jeune leader Thione Niang et Samba Bathily. L’initiative, s’est fixé un objectif clair : électrifier les villages africains par une énergie innovatrice, propre et accessible. En moins d’un an, grâce à un modèle fondé sur le partenariat public-privé et un réseau éprouvé de partenaires (parmi lesquels Solektra Int, China Jiangsu International, Sumec et Nari), toute une série d’équipements solaires de qualité, incluant des lampadaires, des kits communautaires et domestiques, ont été installés dans 9 pays d’Afrique subsaharienne que sont le Sénégal, le Bénin, la Gambie, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, la Guinée Equatoriale, le Congo, la Côte d’Ivoire et le Gabon.
Paradoxalement à première vue, la réaction africaine tarde à se faire ressentir. On semble toujours manifester le refus de promouvoir notre propre potentiel africain, et on parle beaucoup plus des actions ménées par des etrangers chez nous que celles menées par nos compatriotes. Cette incapacité à nous mobiliser tout autour de ce projet, risque de faire place à des projets étrangers similaires qui par contre obtiennent l’assentiment d’une grande partie des décideurs Africains.
Si l’on n’a pas encore compris la grandeur de cet enjeu, il sied de rappeler que selon l’Africa Progress Panel 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. “Mis à part l’Afrique du Sud, qui produit à elle seule la moitié de l’électricité de toute la région, l’Afrique subsaharienne utilise moins d’électricité que l’Espagne. Un Tanzanien mettrait, en moyenne, huit ans pour consommer autant d’électricité qu’un Américain en un mois”. 10 milliards de dollars sont également dépensés chaque année en produits énergétiques tels que le charbon, les torches, les bougies par les ménages africains les plus pauvres – soit un revenu de moins de 2.50 dollars par jour. Sur une base unitaire, les ménages les plus pauvres d’Afrique dépensent environ 10 dollars/kWh pour l’éclairage, soit 20 fois plus que les ménages africains les plus riches. En comparaison, le coût national moyen de l’électricité est de 0,12 dollars/kWh aux États-Unis et de 0,15 dollars/kWh au Royaume-Uni.
Aussi déterminé que la lueur d’une lumière, Akon, Thione Niang et Samba Bathily misent déjà sur la prochaine étape. Ils vont lancer la création d’une « académie du solaire » pour développer compétences et savoirs autour de cette industrie en Afrique. Inédit sur le continent, ce centre de formation professionnelle et d’excellence dédié au solaire sera destiné aux entrepreneurs, ingénieurs et techniciens africains de demain. Il verra le jour d’ici l’été à Bamako, au Mali, et sera ouvert à tous les Africains désireux de contribuer au rayonnement du secteur. Pour Thione Niang, « de nouvelles innovations imaginées par des Africains sortiront de ce cette académie : c’est ce que nous attendons. Il s’agit de capitaliser sur Akon Lighting Africa, pour aller plus loin».
L’Afrique ne changera jamais tant que chacun manifestera son individualisme et travaillera pour ses intérêts et ceux de sa famille. Une société qui ignore la valeur de son action collective ne peut pas faire de grandes réalisations ou de grandes innovations. Si nous ne sommes pas en mesure de rêver ensemble, il nous sera impossible d’espérer en de grandes réussites.