«Peut-on vivre heureux sans liberté ?»Tel a été l’un des sujets de philosophie, durant la session 2015 du Baccalauréat français. Il est évident que la question posée met en lumière deux concepts, celui de liberté et bien évidemment celui lié au bonheur. Ainsi, bien que l’on puisse à volonté le reformuler, il semblerait qu’il souligne une interrelation entre les deux concepts. Nous pourrions aussi reformuler la question comme suit : «Bonheur et liberté sont-ils indissociables? » Pour mieux comprendre le problème posé, il faille au préalable définir ce que l’on conçoit par bonheur et ensuite ce qu’il en est du concept assez large qu’est la liberté.
De prime abord, être heureux impliquerait de vivre dans le bonheur. Logiquement, prétendre être heureux, ne signifie pas toujours qu’on ait atteint un degré de satisfaction personnelle considérable. Autrement dit, le bonheur ne rime pas toujours avec l’absence de préoccupations. Sans être exhaustif, le bonheur ou le bien-être tiendrait néanmoins à de simples choses telles que : consacrer du temps à ses proches, réaliser des projets personnels, réussir une carrière professionnelle.
A l’heure des nouvelles technologies, l’accès à l’information peut également être une source de bonheur et de satisfaction. Chaque être humain étant censé se forger sa propre opinion, avoir accès à l’information est un droit découlant de la liberté d’expression, la liberté d’option. Entraver l’accès à l’information est, ipso facto, se rendre coupable de censure. À ce propos, Voltaire disait : « la dictature c’est tais-toi. La démocratie c’est parle toujours ». Ainsi, l’un des corollaires d’un régime démocratique, est la liberté d’accéder aux sources d’information, la liberté de se forger sa propre opinion.
Évidemment, la liberté est légalement encadrée. Elle l’est pour que nul ne puisse, dans l’exercice de sa propre liberté, causer du tort à autrui. Toutefois, se référant aux États liberticides que sont la Chine, le Qatar, la Corée du Nord, Cuba et la Birmanie; peut-on affirmer qu’outre le fait que les libertés publiques y sont excessivement encadrées, les populations y vivent dans le bonheur? Divisons ces États en deux blocs. D’une part, la Chine et le Qatar ; d’autre part, la Corée du Nord, Cuba et la Birmanie.
La Chine et le Qatar sont deux États émergents. Ils sont économiquement stables, avec un taux de croissance régulièrement à deux chiffres. Dans ces deux sociétés, on assiste depuis près de dix ans, à la montée d’une classe moyenne de plus en plus importante. Grâce aux recettes publiques, d’importants investissements ont été faits dans des secteurs clés du développement humain (santé, éducation, infrastructures…).
Pour toutes ces raisons, les populations chinoises et qataries ont connu une significative amélioration de leur niveau de vie. Afin de mieux s’en convaincre, un simple coup d’œil à l’accès à de meilleurs soins et à une éducation de qualité suffirait pour dissiper toute ambiguïté.
Cependant, au-delà de toute euphorie, il sied de signifier que le bien être d’une population est un concept vaste. On ne saurait le réduire au simple fait d’accomplir ses besoins fondamentaux. En effet, depuis 2008, l’Europe occidentale est traversée par une crise financière sans précédent. Les États qui, aujourd’hui paient le lourd tribut de cette crise font face à un dilemme. Démocratiques, ils le sont tous, mais face aux difficultés économiques et sociales, vaut-il la peine de confronter liberté et bonheur? A ce propos, l’exemple éloquent est celui d’une démocratie Grecque aux abois, du fait des difficultés financières. Il apparaît donc de plus en plus que la liberté n’est génératrice de bonheur que si elle s’accompagne d’avantages socio-économiques. Un diplomate congolais en poste à Pékin disait : « la démocratie ne fait pas bouillir la marmite ».
En définitive, sans un volet social et économique, la liberté ne vaut pas grand-chose, elle est vide de toute substance.