La crème du pays

L’université est considérée comme le lieu de formation de l’élite d’un pays. De ce fait, elle a pour rôle de s’assurer non seulement de la formation académique, mais aussi de l’insertion sociale et l’édification d’adultes responsables ayant une certaine fierté citoyenne. Pourtant, ce n’est pas l’impression que l’on a, en sillonnant les corridors de certaines facultés de l’Université Marien Ngouabi : des conditions d’inscription difficiles; il faut faire des files d’attente pour s’inscrire (avec des dates plus ou moins connues) ou pour accéder à une salle d’examen pour un oral; l’absence ou le disfonctionnement du matériel audiovisuel, obligeant les étudiants de se placer à la chaire afin de mieux comprendre le cours. Par ailleurs, arriver très tôt le matin pour espérer une place de choix dans l’amphithéâtre, n’est plus un fait étonnant, surtout pour les étudiants de première année. Et que dire de l’obtention des cartes d’étudiant? Certains étudiants passeraient en deuxième année sans avoir obtenu leur carte d’étudiant. La cause serait un problème d’imprimerie. Tels sont quelques épreuves que connaissent ceux qui sont censés devenir la «crème» du pays.
Face à ce constat, l’on peut se questionner sur les conséquences de ces faits sur la réussite et l’insertion sociale et professionnelle de ces étudiants. A l’heure où la bancarisation prend un certain essor, les étudiants congolais privés de carte d’étudiant (qui est une pièce d’identité officielle), faute d’avoir un passeport ou une carte d’identité nationale (oh combien difficiles à obtenir!) ne peuvent, par exemple pas procéder à l’ouverture d’un compte en banque ou encore effectuer un envoi ou un retrait dans des agences de transfert de fonds (Western Union, Money gram.). A une époque où il fait bon de parler de «modernité», ces gestes simples semblent inaccessibles à certains jeunes étudiants.
Où va donc celle qui était la première université d’Afrique centrale?