«Tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs»  

Patrice Emery LUMUMBA 

Au bon vouloir de la communauté internationale, les congolais n’ont jamais écrit leur histoire. En accordant un semblant d’indépendance à ce peuple, la Belgique et alliés savaient qu’ils allaient encore avoir une marge d’influence sur les leaders politiques congolais. Une méthode encore d’actualité consistant à distribuer les notes selon la fidélité du nègre de maison qui est appelé à servir les intérêts étrangers  au détriment de sa nation.

L’indépendance Tcha-Tcha et puis quoi à la fin ? Que des signes qui ne devaient pas mentir sur le devenir du majestueux Congo. Mais la manière dont les dirigeants congolais ont interprété ces signes d’indépendance et comment ils ont mené ce grand navire, laisse à croire que le pays est encore loin, très loin de sa véritable indépendance. Dès le premier juillet 1960, au lendemain d’un discours farouche et nationaliste, le rêve congolais arrêta de marquer son empreinte sur le pays. L’assassinat de Patrice Emery Lumumba commandité par l’occident et perpétré par les siens traduira une  trahison propre aux scénarios politiques africains de ces dernières années. Oui les congolais auraient tué Lumumba eux-mêmes, de la même manière que ceux qui prendront les règnes après tueront ce « rêve congolais ».

Aujourd’hui, les destinées de ce géant sont présidées par un homme dont les origines font tâche et partagent l’opinion congolaise. Pour certains Joseph Kabila, adoptif ou légitime soit-il, a le droit d’être considéré comme héritier de Laurent désiré Kabila, surtout qu’il tient les règnes du Congo. Pour d’autres par contre, il serait l’œuvre du Rwanda et l’Ouganda ; ces pays qui  se sont toujours engagés dans la guerre à l’Est du Congo, et qui scellent le sort du Congo à la solde de réseaux étrangers, avec le soutien d’une bonne partie de l’élite Congolaise qui a tant espéré récupérer la situation à son profit. Depuis lors aucune démarche explicative n’a su convaincre tous ceux qui osent affirmer aujourd’hui que le Congo a été placé sous la responsabilité d’un pion occidental.

Dans l’ouvrage de Pierre Péan, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (Fayard, 2010, pp. 415-416), le Général Nkunda Batware Mihogo affirmait : « Si vous entendez par soldats rwandais tous ceux qui ont servi un jour au sein du Front patriotique rwandais, le FPR, et ensuite dans l’Armée patriotique rwandaise, l’ARP du général Paul Kagame, alors le peuple congolais a un sérieux problème à résoudre car son propre président, élu au suffrage universel direct par plus de 58 % des voix [en octobre 2006] – je cite Joseph Kabila – est non seulement d’origine tutsi, comme moi, mais est aussi un ancien soldat du FPR, comme moi » 

D’une crise à l’autre, le Congo est devenu l’hydre de multiples rébellions qui à leur tour, sont  devenues un fond de contestations politiques. Ce qui fût dans les vers la fin du régime Mobutu un problème de flux massifs de réfugiés rwandais hutu en direction du Zaïre en 1994, voilait en fait un vaste plan de « Balkanisation », en  commençant par à la poursuite des anciens génocidaires, pour devenir aujourd’hui un jeu d’alliances sous régionales afin de déstabiliser la République démocratique du Congo.

Les conséquences d’une diplomatie sur mesure ou de courts succès d’interventions dites humanitaires n’ont fait qu’accentuer l’irréparable machine de guerre qu’est devenu le viol et l’impunité face à l’exploitation des ressources naturelles que possède ce pays. La dimension politique de la mission onusienne jugée sécuritaire et humanitaire est mise en cause face aux contradictions de vaines résolutions et éphémères accords. A cela il faudrait rajouter la véritable question de gouvernance politique qui jusqu’ici, est restée entachée d’irrégularité et de corruption.

Le Congo a changé sur certains aspects structurels, mais il manque à l’appel, une réelle volonté politique afin d’en découdre avec une situation à laquelle les tenants et les aboutissants sont connus. Face à une grande partie de l’élite muselée et corrompue, le peuple a opté pour sa propre méthode de contestation : le mouvement combattant. A Londres, Paris, Bruxelles et bien ailleurs, ce mouvement de la Diaspora congolaise est né dans le but de signifier son désarroi face à la situation de son pays d’origine et attirer l’attention de l’opinion internationale sur les crimes commis chaque jour à l’Est du Congo, et en même temps pour sensibiliser les populations de leurs pays d’accueil à cette triste réalité. Dans philosophie, elle entend se positionner en «alternative» pour un retour à l’ordre et aux valeurs patriotiques sur l’échiquier politique congolais.

Le Dialogue étant rompu entre le peuple et un chef d’Etat dont l’élection demeure contestée, cette célébration d’indépendance semble sonner dans le vide. Que devrait-on fêter quand le mutisme fait place au malaise quotidien du peuple ? Les congolais, du moins sa classe politique, restent de prêt responsables du sinistre causé jusqu’ici. Face au dialogue quasi impossible initié par Joseph Kabila, il est bien évident que le sort de ce pays immensément riche, demeure  le seul apanage géopolitique de politiciens plutôt que d’être un idéal porteur d’espoir et de progrès pour l’intérêt national.

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