Charlie Hebdo…en attendant l’Afrique s’oublie !

Qui n’a pas été ahuri, choqué par l’attitude de six chefs d’Etats présents à la marche du 11 janvier 2015 en terre française ? Qui ne s’est pas senti trahi une fois de plus par l’attitude des dirigeants dont l’Afrique attend plus qu’un écho d’éveil et pas d’un suivisme irréfléchi? L’émoi a été tellement fort qu’il a secoué la sphère médiatique, les réseaux sociaux, les cercles politiques et l’intelligentsia africaine. Tout passionné de politique et du devenir africain y est allé avec ses propres commentaires, voir sa propre analyse pour dénoncer la présence jugée inopportune de ces représentants de l’Afrique.
La charité bien ordonnée qui devrait commencer par soi-même a été mise dans l’oubli et le capital-confiance accordé à nos hommes politiques africains est tombé une énième fois en désuétude. En effet, toute solidarité efficiente devrait d’abord être l’expression d’une solidarité avec soi même, car aucun respect ne sera accordé à l’Afrique si elle ne se respecte pas elle-même. Et là, dans la manifestation de sa solidarité à la France contre le terrorisme, l’Afrique a failli. L’image d’une Afrique forte, indépendante et en voie d’émergence n’a pas semblé collé à celle des présidents jugés embarrassants compte tenu du mauvais exemple qu’ils incarnent pour leurs pays respectifs, et pour leur totale indifférence aux problèmes cruciaux du continent.
Oui, l’Afrique à travers ces chefs d’Etats a failli une fois de plus, elle a démontré sa désunion, son incapacité à vouloir parler le même langage. N’ont-ils pas assez de matière à condamner ces Chefs d’Etats ? Le drame «Charlie Hebdo» est-il plus important que les drames que connait l’Afrique? Que disent-ils des tueries par centaine ou par millier en République Démocratique du Congo, au nord Mali, au Centrafrique, au Soudan, au Kenya, entre autres ?. Encore il y’a quelques jours, le groupe terroriste Boko Haram décimait plus de 2000 personnes sur 16 villages au Nigeria, un massacre sous silence de la communauté Africaine et internationale braquées sur les tueries de Paris.
Devant chaque manquement indigne de nos dirigeants, il s’observe une remise en question du « panafricanisme » cher à Kwame Nkrumah et ses autres compagnons des premières heures d’indépendance africaine. Dans leur vision commune, ils portaient l’Afrique au rang des projets politiques les plus ambitieux de l’histoire du continent. S’ils avaient vu en ce concept, le seul ensemble capable de régénérer et unifier l’Afrique, ainsi qu’à encourager une solidarité entre les populations du monde africain, il est loin aujourd’hui de lire entre les lignes ce regain d’espoir. Des paroles aux actes, nos chefs d’Etat nous trahissent et comme à l’accoutumée,sont impuissants quand il faut dénoncer ce qui touche de prêt l’Afrique. Hélas, l’Afrique n’a plus des Thomas Sankara, des Cheikh Anta Diop, des Joseph Ki- Zerbo, des Patrice Lumumba et des Kwame Nkrumah pour la défendre. Qui pour leur succéder? Qui pour incarner une jeune élite digne et intègre ?