Le plus lourd tribut que l’on puisse infliger au continent africain, c’est de lui faire revivre l’image d’une déportation  humaine à l’instar  de l’époque de l’esclavage. Chaque jour, toutes les heures, des hommes et des femmes bravent le lit de la méditerranée au détriment de leurs vies,  augmentant ainsi, pour certains, le nombre de tombes d’outre-mer.  Qui blâmer devant ce carnage historique dont les causes et les conséquences sont connues de tous ?

Après avoir détruit la Libye, l’Union Européenne s’attèle à se faire une hypocrite et bonne conscience, en reconnaissant le mal engendré par l’intervention militaire au pays du Guide de la révolution et en voulant investir de plus bel dans la lutte contre le trafic des passagers. Les causes de cette immigration ne sont pas à chercher qu’en Libye, mais dans toutes les régions africaines en proie aux crises générées par l’Occident partant, du Soudan au Mali, de Libye à la RDC….Cependant, on ne peut pas non plus accuser l’Europe face au silence coupable des dirigeants africains.

Oui, il faudrait blâmer une Afrique incapable de s’unir et d’agir devant ses propres tragédies. Cette Afrique naïve qui attend que le ton soit donné par l’Occident pour témoigner de sa solidarité, combien même le drame lui est propre. Faudrait-il rappeler les réactions tardives des chefs d’Etat Africains suite à la tuerie de l’Université de Garissa au Kenya, en avril 2015 ?

Ce même silence, ils le gardent lorsqu’hommes, femmes et enfants risquent leurs vies pour émigrer clandestinement en Europe, fuyant des troubles politiques, l’insécurité, l’injustice ou l’incapacité de leur pays d’origine à leur garantir un emploi décent. Comment font-ils pour occasionner la fuite des cerveaux, de la jeunesse et manifester l’incapacité à investir dans le développement pour enfin brandir ce fameux « Made in Africa » ?  Si les Africains se sentaient mieux chez eux, ils n’iraient jamais chercher une vie meilleure ailleurs, car l’Europe n’est pas et n’est plus ce paradis tant rêvé.

Par ailleurs le déclin des politiques publiques équitables basées sur l’éducation, le développement ainsi que l’inefficacité des politiques migratoires justes, occasionnent actuellement un sentiment de xénophobie entre Africains. En effet, la peur et le mépris de l’étranger prennent des dimensions communes dans les pays Africains notamment à cause de l’incapacité de ces pays d’améliorer les politiques d’intégration à l’endroit des étrangers présents sur leurs territoires. Les politiques trouvent facilement le prétexte d’une invasion étrangère pour justifier leurs irresponsabilités politiques face aux violations des droits et libertés fondamentaux, aux problèmes de logement, d’éducation, de sécurité et de santé publique.

L’enfer est devenu le confrère africain, et l’on passe outre les principes régionaux et sous régionaux de libre circulation de biens et des personnes. Ce recours au sentiment nationaliste ne fait que laisser des stigmates de répressions et de mort d’hommes sans pour autant tirer les leçons de l’Histoire. Même l’Afrique du Sud semble avoir tourné le dos à son histoire pour donner raison à ses politiques incapables qui se servent de populations peut-être souvent analphabètes et ignorant les vrais tenants et aboutissants du système et, prêt à faire l’étranger un bouc émissaire. Il en va de même des violences xénophobes commises à l’encontre des Congolais de la RDC à Brazzaville lors de l’opération “Mbata ya Bakolo” ou encore des bavures commises sur des ressortissants africains en Angola, en Guinée Equatoriale et au Maroc.

Les valeurs de solidarité et d’accueil, dit-on, sont intrinsèques à l’Afrique. Mais elles semblent avoir quitté ses us et coutumes et laisser place  à une haine fratricide et raciale. L’éradication de l’émigration clandestine n’arrivera qu’avec la création de meilleures conditions de vie dans les pays de départ. Tout Africain voudrait se sentir fier du progrès de l’Afrique, de sa croissance et participer au « Made in Africa », car au-delà du rêve européen vendu par les médias, on ne serait jamais mieux ailleurs que chez soi.

 

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