Marien Fauney NGOMBÉ, de Franklin l’insoumis à So’Art : toute une passion pour la culture congolaise

Dans la sphère des jeunes entrepreneurs et promoteurs qui changent l’image de la culture congolaise, il faut retenir un nom: Marien Fauney NGOMBÉ. Chaque initiative portée par ce jeune homme a eu son impact dans le milieu culturel. De la littérature à la musique, plus rien ne l’arrête et c’est avec fierté qu’il porte cet héritage de promouvoir la culture congolaise outre les frontières de l’Afrique. Pour ce faire, Kongo kafé est allé faire sa rencontre.
KK: Bonjour Marien, les abonnés de Kongo Kafé voudraient connaître votre parcours?
MFN: Je suis né au Congo à Brazzaville. je suis arrivé en France à 15 ans pour m’y installer. Apres un baccalauréat S option SVT j’ai fait une formation en comptabilité et finances, je suis titulaire d’un DECF.
Actuellement responsable comptable dans un cabinet d’avocats d’affaires à Paris.
KK: Alors d’où vous vient toute cette passion pour l’art ?
MFN: Je suis né dans une famille de passionnés d’Art. Mon père était producteur de musique et éditeur. J’ai un oncle également qui a été promoteur d’événements culturels. Tout part de mon enfance j’ai grandi en voyant souvent à la maison des artistes musiciens, plasticiens et autres. C’était notre quotidien.
KK: En partant du « Bâtiment A » à « Franklin l’insoumis » et bien d’autres œuvres, la littérature n’aurait-elle pas suffit pour en faire toute une carrière ?
MFN: Je n’ai aucun Plan en Fait. Je me fais plaisir. Tout se fait en fonction de l’inspiration que je pourrais recevoir des muses. Apres je suis un boulimique de projets. Il y a ceux qui voient le jour et des tentatives qui n’aboutissent pas mais c’est tout ce que m’apporte l’élaboration d’un projet qui m’épanouie.
KK: D’après vous quels sont les ingrédients qui manquent à la littérature congolaise de nos jours ?
MFN: Pour parler de la littérature il y a deux positionnement me concernant parce que je m’essaie à l’écriture et j’ai une vision sur l’industrie du Livre.
En ce qui concerne la production littéraire il y a à boire et à manger. Et ceux qui rendent à notre littérature ses lettres de noblesse sont connus je ne vais pas les citer. Pour le cas de l’industrie, nous sommes au niveau de l’encéphalogramme horizontal, pas le moindre frémissement de ce côté là. Le lectorat n’a pas forcément les moyens d’acheter un livre, et combien il aurait les moyens rien n’est fait pour s’intéresser réellement à la littérature. Il faut éduquer les jeunes et les moins jeunes. Il faut que les médias servent la littérature et l’Art de manière générale. Il faut promouvoir l’intérêt pour l’Art. Par exemple s’appuyant sur l’éducation nationale pour distiller l’amour des Arts.
J’ai répondu en me considérant directement comme un résident du Congo Brazzaville parce que le Business de la littérature parisienne ne nous appartient pas. En matière littérature francophone Paris fait et défait les carrières littéraire. Il existe de grandes maisons d’édition qui ont des buts et des carcans qui sont les leurs. Nous n’avons aucune prise sur cela. C’est pour cela qu’il faut travailler à créer des filières littéraires sur le continent.
KK: Parlez-nous du concept So’Art ?
MFN: Le concept So’Art est une rencontre pour célébrer la création artistique africaine et de sa diaspora. La rencontre à lieu à un jet de pierre de la Place Vendôme. Nous avons déjà reçu plus d’une vingtaine d’artistes. Chacun nous propose à chaque fois un set acoustique, la projection d’un extrait de film ou une lecture de texte. À chaque édition nous recevons trois artistes dans des segments différents.
La prochaine rencontre aura lieu le 9 juin nous aurons au menu un écrivain, une chanteuse et un créateur.
https://www.facebook.com/SoArtAfterwork/photos/p.1700897916666294/1700897916666294/?type=1&theater
KK: Quels seraient les obstacles et les besoins afin de grandir ce concept ?
MFN: Nous avons un groupe d’irréductibles qui nous suivent depuis 2017 mais nous voulons aller chercher un nouveau public. Il faut poursuivre la promotion du concept. Et le bouche à oreille commence à porter ses fruits.
KK: Peut-on espérer avoir un So’Art version Brazzaville et dans différentes capitales européennes telles Bruxelles ?
MFN: Le concept est créé comme un concept itinérant. Avec mon équipe nous sommes bien avancés pour des So’art sur le continent et dans d’autres capitales européennes. C’était important de prendre le temps d’installer d’abord le concept sur Paris. De belles surprises arrivent.
KK: Quelle analyse faites-vous de l’actuelle rumba congolaise, de l’industrie musicale congolaise et du fait que les concerts soient boycottés de nos jours pour raisons politico-sociales?
MFN: Votre question est culturelle et politique. Je ne vais pas l’éluder.
Concernant l’industrie du disque. Il n’existe plus de producteur. Presque plus. Beaucoup entrent dans la production Avec l’amateurisme en bandoulière à la recherche de la renommée. En fait beaucoup de producteur de rumba ne sont que des groupies animées de bonnes volontés mais pas formées au métier. Au niveau de la création artistique il n y a aucun problème. Le prochain Tabu Ley est peut être quelque part à Kinshasa mais encore il faudrait des dénicheurs de talents pour l’encadrer.
Pour la question des concerts qui ne se tiennent plus sur Paris, soyons précis sur les griefs. Si je comprends bien les musiciens ne jouent pas parce qu’ils reçoivent de l’argent des politiques. Mais de tout temps cela s’est fait, en France sous le règne de Louis XIV particulièrement et dans nos chefferies ancestrales, la proximité entre pouvoir et les artistes n’a jamais été démentie. Je me refuse de faire du cas par cas. Sur le principe je trouve dommage ce coup d’arrêt porté sur notre musique. Prenons le cas de la RDC. Les figures de proues de la musique sont les mêmes depuis Mobutu jusqu’à Kabila. Les musiciens font avec le pouvoir en place.
Parfois ils ne font que composer avec le pouvoir en place. Apres il existe des musiciens clairement engagés politiquement. Pour ceux là peut être faudrait agir différemment. Boycotter en informant les gens et en les invitant à ne pas acheter les billets.
Je pense qu’il faut penser à créer un dialogue franc et constructif sans condescendance entre la diaspora congolaise et ceux qui dirigent le pays. Car ce serait pleutre de dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Vous voyez le sujet n’est pas simple mais il faut retenir que notre culture a besoin de soutien avant tout.
KK : Et concernant le Club Lenda ?
MFN: Ma participation à la réflexion sur les maux socio économiques qui minent le pays et le continent est la création du club de réflexion LENDA avec des amis. Nous échangeons avec des experts. Nous invitons les gens qui s’intéressent à échanger avec nous rue d’Antin dans le deuxième arrondissement de Paris.
KK: De futurs concepts en vue ?
MFN : Pour les futurs concepts non pas particulièrement. Des idées imprécises.Rien d’assez abouti sauf peut être un projet autour de la littérature mais je suis trop superstitieux pour en dire plus.
KK: Un mot pour l’association AKWAMOSSÉ dans laquelle vous êtes fortement impliqué ?
MFN: Akwa Mosse existe depuis 2014 c’est une association qui veut faire connaître le peuple Akwa. C’est l’un des rare peuple du Congo Brazzaville dont on trouve les traces à Madagascar au Mozambique. Ce peuple qui se trouve à Makoua par mon ascendance revêt un réel intérêt. Nous aidons les personnes âgées et les enfants. Nous avons offerts des kits scolaires , des dons à la maternité du village et d’autres actions. Pour nous cette association à renforcé le seul lien entre les membres au Canada, en Belgique et au Congo: l’amour de la terre.
Au delà de Makoua nous allons faire les actions conjointes avec d’autres associations.
KK: Comment fait-on pour vous contacter ?
MFN: Mon adresse mail: mgfngombe@yahoo.fr et mon compte facebook: mfn Olomaniama
KK: Un dernier mot?
MFN: Merci pour l’intérêt pour ce que je fais et j’invite les gens à méditer sur la fable du colibri…ils la trouveront sur la toile.