L’African Summer School est la première école de formation commerciale avec un regard porté sur les questions liées à l’Afrique. C’est une semaine intensive de formations à laquelle prennent part cinquante jeunes sélectionnés. Les activités de formation sont résidentielles et ont lieu dans une Villa où les participants ont, outre la mission de suivre les leçons, l’opportunité de partager des expériences, des instants de convivialité, favorisant l’échange culturel. Nous sommes allés à la rencontre de son fondateur, Fotuna Ekutsu Mambulu qui est une figure émergente de la Diaspora africaine en Italie.

KK: Qui est Fortuna Ekutsu MAMBULU?

FEM: Je suis un jeune congolais résident en Italie, plus précisément à Rome, où j’habite, travaille et développe mes activités socioculturelles, entre autres l’African Summer School dont je suis le fondateur et directeur dans le cadre de l’association Africasfriends.

KK: Comment est né leprojet African Summer SchoolQu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette aventure ?

FEM: Le projet répond à un ensemble de problèmes : en Europe la crise économique bat son plein. Le continent africain se réveille économiquement. Les afro descendants résidants en Europe manquent d’un cadre institutionnel capable de les accompagner intellectuellement et techniquement dans la démarche très difficile de retour en Afrique pour y réaliser leurs projets sociaux et entrepreneurials. La Summer School nait donc comme une solution face à ces défis, tout en se positionnant comme structure de diffusion, en Italie et en Europe en général, de la vision africaine du monde, du savoir africain dans différents domaines de recherche.

 

KK: Êtes-vous seul dans ce projet ou entouré d’une équipe ? et quels sont les objectifs de l’African Summer School?

FEM: Vue sa complexité, l’African Summer School est un projet qui demande un support de plusieurs personnes bien organisées. Actuellement je dirige une équipe de 8 personnes et nous avons plus de 20 partenaires à coordonner. Pour ce qui est de notre objectif, il consiste à présenter l’Afrique aux jeunes comme lieu d’opportunité et comme étant un continent qui comme tout autre contribue pleinement à l’essor de l’humanité, dans tous les niveaux. Nous voulons par cela inciter les jeunes, surtout les afro descendants, à se décomplexer par rapport à leurs origines et à assumer une posture active tout en étant conscients des défis non seulement économiques, mais aussi sociaux et culturelles du continent.

KK: Ce vaste projet rencontre-t-il des problèmes de crédibilité auprès des partenaires et des autorités?

FEM: Nous sommes soutenus par un nombre assez important de partenaires depuis trois ans. Ce qui prouve le sens de leur engagement par rapport à un projet qui, grâce à une certaine éthique du travail instaurée dès le départ, atteint chaque année ces objectifs. Nous avons obtenu en 2013 le haut patronage du Ministère de l’intégration sous la tutelle de la Ministre Cécile Kyenge, et cette année c’est l’agence italienne de lutte contre les discriminations UNAR qui nous offre son appui.

KK: L’Italie semble être un pays en mal de politiques d’intégration avec le fléau d’immigration clandestine, comment traitez-vous de cette question à l’African Summer School ?

FEM: Notre objectif est de faire comprendre à l’opinion publique italienne, que l’Afrique se réveille et bientôt l’émigration sera vers l’Afrique. Nous avons des étudiant italiens qui participent et leurs présence est importante, aussi sous l’angle de l‘interaction avec les jeunes africains dans le cadre de la création d’un espace de dialogue interculturel franc et bénéfique pour tous. Le fait de réaliser les cours dans une villa où tous sont logés et suivent les cours facilite les choses. Pour nous la question de l’immigration se pose sous l’angle de l’interaction et éducation interculturelle et du retour des jeunes africains en Afrique, pourquoi pas avec leurs amis européens, pour réaliser des projets ensembles.

KK: La Diaspora Africaine peut-elle accélérer le développement du continent Africain ?

FEM: Bien sûr ! A condition qu’elle sache bien choisir comment mieux jouer son rôle de créer des ponts entre les différents territoires qui accompagnent leurs modes de vie transnationaux et d’apporter des réelles nouveautés dans les différents contextes africains où elle choisit de s’insérer. Cette diaspora a des atouts : elle est souvent bien formée, elle a des compétences et a une vision du monde à 360 degré. Ce sont là des valeurs ajoutés concrètes pour le continent. Mais il ya d’autres préalables : les Etats africains doivent prendre conscience de ce rôle et faciliter le retour de ces cerveaux qui aujourd’hui sont de plus en plus conscients de la nécessité de s’impliquer personnellement à la cause de la renaissance du continent.

KK: Quels seront les innovations de cette 3e édition ?

FEM: C’est d’abord le thème : renaissance africaine. Ce thème est très débattu aujourd’hui dans les différents milieux africains ; parfois même sans qu’on en comprenne le sens. Ce qui renforce notre conviction d’avoir fait ce choix, c’est le fait de relever le défi d’une compréhension approfondie de cette renaissance. Notre valeur ajoutée sera donc la manière scientifique et multidisciplinaire dans la quelle ce thème sera affronté par nos enseignants : José Do nascimento sous l’angle politique, Mawuna Koutonin sous l’angle économique, et Sene Mongaba sous l’angle de la littérature et des langues. Nous sommes passés de deux à trois professeurs principaux africains. Nous nous sommes lancé dans le chemin des partenariats européens en ayant dans notre liste de partners afroconcept (France) et Afric Forum (Bilbao). Nous lancerons pour la première fois une publication de notre maison d’édition « African summer School » : livre de l’Histoire synthétique de l’Afrique versione italiene, écrit par le prof. José Do Nascimento. En plus, si nous réussissons notre campagne de crowdfunding, nous transmettrons en direct multicast nos cours à un groupe de jeunes universitaires de N’Djamena et à Kinshasa.

 

KK: Quels types de projets bénéficient d’un financement à l’AfricanSummerSchool? (Entreprise, artistique, humanitaire…?) Et quels sont vos principaux critères de sélection

FEM: L’African Summer School n’est pas une organisation de financement. Notre mission est celle de former. Pour stimuler les jeunes à l’entrepreneuriat nous les formons et ensuite nous organisons un concours au terme de la semaine de formation : le « business incubation for Africa ». Les jeunes participants ont trois mois pour écrire un business plan et le soumettre à un jury qui choisira la meilleure idée d’entreprise. C’est cette idée gagnante qui reçoit notre support dans la recherche des fonds, comme nous l’avons fait pour le projet vainqueur de l’édition 2013, qui est actuellement est en phase de réalisation à Lomé au Togo. Le comité qui évalue les projets suit un ensemble de critères qui peuvent être résumés en deux mots « innovation sociale ».

KK: Nous sommes entrain d’assister à un changement profond de la société africaine notamment via les soulèvements des peuples surtout des jeunes, comment concevez-vous ce changement?

FEM: Il est important que les choses bougent dans nos pays. Mais on doit comprendre que le vrai changement dans nos sociétés, requiert une vraie révolution culturelle comme cela a été le cas en Chine par exemple. Les révoltes des fois renforcent l’ordre établi tout en créant chez les citoyens africains une illusion du changement. La révolution elle, est raisonnée et a besoin des acteurs déterminés qui savent où ils entendent emmener leurs peuples.

KK: En conclusion ?

FEM: Merci pour votre travail et  qu’il aille de l’avant.

www.africansummerschool.org 

African Summer School
C/o Associazione AfricasFriends Via Ruberio 41 – 37132 Verona
Email:
Dott. Fortuna Ekutsu Mambulu
Founder and director
Cell: +39 3293666554
Mail: mambulu.ekutsu@gmail.com

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