Finalement le poids d’un long parcours politique et de la maladie qui s’en est mêlée auraient eu raison du Sphinx de Limeté. Jusqu’ici, le Président « élu » selon sa base électorale qui n’a cessé de revendiquer sa victoire aux dernières élections Présidentielles, semble pouvoir démontrer les signes d’un retrait de la vie politique. Déjà en s’engageant dans la course lors du dernier scrutin du 28 Novembre 2011, le Président fondateur de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) savait qu’il jouait sa dernière partition, combien même il portait l’espoir de tout un peuple, plus particulièrement des mouvements de soulèvement au régime de Kinshasa qui auraient mobilisé jusqu’aux dernières heures l’opinion en faveur du leader maximo. Seulement l’isolement forcé et le silence gardé par cette bête politique qui se serait opposé pendant plus de trente ans à tous les régimes en RDC, laissent trimer actuellement un sentiment de trahison dans le cœur de ses partisans, quand on sait qu’il a boycotté lesélections de 2006 en RDC, ce qui valut à son parti une exclusion de toutes les instances représentatives du pays.

De l’héritage d’Etienne Tshisekedi bouillonnent aujourd’hui les ambitions personnelles des caciques du parti, le manque de communication, l’égocentrisme à expansion tribale évidente ainsi qu’une très haute gestion familiale de ce qui devrait être un patrimoine national, laissant planer le doute sur de probables prises de décision venant personnellement de l’opposant historique.

« L’état de Santé d’Etienne Tshisekedi, un vrai tabou »

L’incertitude autour du bilan de santé d’Etienne Tshisekedi est devenue un vrai secret de polichinelle. Entre les négations des responsables de son parti et les multiples manœuvres des membres de sa famille et de l’UDPS à vouloir rassurer l’opinion, l’opposant politique en a pour une longue période à l’étranger pour des raisons sanitaires . Cette attitude qui assombrit en quelque sorte la communication sur l’état de santé de cet illustre personnage de la vie politique congolaise, n’en est pas moins une nouveauté dans un pays où la santé des dirigeants demeure un vrai secret d’État, paralysant ainsi la bonne marche du parti ou de l’appareil étatique. Pourquoi le risque ne serait valable qu’in-extremis s’il est bien clair que pour des raisaons de santé, il y’a bien le risque de perdre le pouvoir, la maladie étant jugée comme signe de faiblesse du président, autorités ou système? Après tout, même les soutiens les plus loyaux du régime –y compris les membres de la famille– ne demeurent loyaux qu’à la condition que le chef puisse continuer de leur attribuer certains pouvoirs et des subsides conséquents. Ils peuvent également, comme nous l’avons vu, décider d’opter pour le secret. Et si cette stratégie échoue, le déni est la méthode la plus courante. Toutefois, la combinaison d’Internet, des technologies mobiles et des technologies de diagnostique médical à distance fait qu’il soit de plus en plus difficile pour un chef d’État de dissimuler son état de santé (Cf Bruce Bueno de Mesquita et Alastair Smith « Pourquoi les chefs d’État cachent leurs maladies »). Le cas Tshisekedi en est l’illustration parfaite devant un parterre de critiques virulentes à l’égard de l’homme de Limété qui s’est mué dans un silence laissant ainsi place à une lutte interne entre dirigeants du parti et probables héritiers politiques.

« UDPS entre Gestion familiale, guerres de successions et révocations »

La fragilité du leader maximo qui sonne le glas d’une retraite politique, fait resurgir au sein de son parti politique des dissensions qui laissent à croire que des conflits d’intérêt subsistent. On se rappellera déjà des conflits enclenchés au sein du parti entre 2007 et 2010, quand la maladie avait retenu le président de l’UDPS hors du pays. Aujourd’hui encore, on dénombre entre autres des incohérences entre les décisions du Président fondateurs et celles de ses secrétaires, les conflits tels le cas Jacquemin Shabani v/s Bruno Mavungu qui a découlé sur la déchéance de Jacquemin Shabani du Parti. Au sein du parti il faudrait également désormais compter avec l’épouse du sphinx, “Maman Marthe”, qui semble être bien décidée,selon ses détracteurs, à ce que son fils Félix devienne le nouveau patron de l’UDPS. Après avoir chassé Albert Moleka et Honoré Dienu tout deux Directeur de Cabinet et secrétaire de cabinet de Tshisekedi, comme des malpropres, elle se serait arrangée à les interdire l’accès à jamais à la résidence Tshisekedi. On ressent le comble pour un homme de la trompe de Tshisekedi d’avoir laissé son épouse se meler des affaires du parti pour ensuite se retrouver impuissant face à la volonté de cette dernière.

Les querelles inutiles, des conflits internes, des luttes infernales de positionnement, des règlements des comptes, des préjugés-ces antivaleurs développés et entretenus à l’interne, ne font que tirer l’UDPS vers le bas. Dès lors que la survie des partis politiques en Afrique dépend entièrement de l’aura de leurs président-fondateurs, les avertis de la scène politique devraient craindre pour ce parti qui a retrouvé sa place comme étant la première force politique de l’opposition lors les dernières élections de 2011 devant le Mlc de Jean Pierre Bemba, lequel Mlc a essuyé  de fortes dissensions et trahisons suite à la détention de Jean Pierre Bemba à la Cour Pénale Internationale.

L’homme Tshisekedi ne réalisera plus son vœu cher qui est celui de faire de la RDC un État de Droit. Aussi son silence et sa façon de faire planer le mythe sur sa personne pour trouver des excuses face aux évènements en cours dans son pays font payer un lourd tribut à la nation congolaise. Il reste qu’à croire que le dernier accord en date avec l’UNC de Vital Kamerhe serait à mesure d’empêcher le parti de la majorité et alliés de ne pas aller à bout de leur lutte sur le non changement de la constitution. Une chose est certaine, l’affaiblissement de l’UDPS ne profite qu’à un Joseph Kabila déterminé à régner encore et encore en maitre dans ce géant pays livré à une crise sans lendemain.

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